#TechConf – VivaTech 2019 : ce qu’il faut retenir
Home Blends & Trends 4 juin 2019La quatrième édition du rendez-vous mondial des startups et des leaders pour célébrer l’innovation et la technologie s’est tenue du 16 au 18 mai 2019, à Paris. Véritable succès depuis sa création, le salon Viva Technology a rassemblé cette année 124 000 participants,
13 000 startups et 2 500 journalistes avec 125 pays représentés. Découvrez les temps forts de cette édition 2019 !
La Tech for Good, nouvel enjeu central des entreprises
La Tech for Good, un des thèmes phares de VivaTech cette année, est une tendance de plus en plus prépondérante au sein des entreprises. Un état d’esprit également plébiscité par le grand public : 80% des consommateurs français estiment que les entreprises qui ont un comportement éthique auront le plus de succès à l’avenir (source : CSA/Havas, 2018).
À la veille de l’ouverture du salon, 80 acteurs français et internationaux se sont réunis à l’Elysée pour la seconde édition du sommet Tech for Good. De grands noms tels que L’Oréal, Orange ou encore le Groupe IBM, ont échangé sur la question de l’innovation technologique en faveur du bien commun.
Des engagements concrets sur des sujets variés ont été signés, puis annoncés dès le premier jour du salon : l’accès à l’éducation avec l’initiative P-tech lancée par IBM, BNP Paribas et Orange, un engagement pour la diversité et la parité (45 groupes high-tech font la promesse d’atteindre 30 % de femmes au sein de leur direction d’ici 2022) mais aussi des mesures sur le futur du travail, comme la création d’un référentiel commun permettant d’identifier les compétences non-techniques (soft skills), afin de faciliter la mobilité professionnelle.
La prévention de la violence en ligne à travers la régulation des réseaux sociaux n’a pas été laissée pour compte. En témoigne, la signature de « l’appel de Christchurch » par 26 pays pour lutter contre les contenus haineux sur Internet. Invité d’honneur du salon, le Premier ministre canadien Justin Trudeau a souligné la nécessité d’engager les pays et les sociétés dans cette démarche de modération :
« Nous devons donner aux plates-formes et aux gouvernements les moyens de rétablir la confiance des citoyens dans les technologies. Il est temps de passer à la réglementation du contenu sur le net. » – Justin Trudeau, Premier ministre canadien
Autres applications de la Tech for Good, les innovations vertes les plus prometteuses étaient réunies dans un tout nouveau hall dédié du salon : la « Better Life Avenue ». Différents acteurs ont ainsi présenté leurs innovations Greentech, tel que Bin-e, un outil permettant d’automatiser le recyclage grâce à l’intelligence artificielle ou encore E-tree, l’arbre solaire tout-en-un connecté : Wi-fi, point d’eau, prise électrique pour recharger… un véritable hub communautaire 2.0 !
Intelligence artificielle : toujours au cœur des stratégies de développement
Dans une étude conduite en 2018, Gartner révèle que la valeur globale des activités dérivées de l’intelligence artificielle devrait atteindre 3 900 milliards de dollars en 2022, contre 1 200 milliard de dollars en 2018.
Chez TF1, les intervenants se rejoignent autour de l’idée que l’intelligence artificielle ne remplace pas l’homme. Au contraire, la technologie permettrait aux collaborateurs de se libérer des tâches les plus répétitives, en faveur d’un travail à plus grande valeur ajoutée. Isabelle Toublant, Chef de la Cellule Image à la Direction de l’Information de TF1, explique que l’IA a permis la pré-indexation automatique de 40 années d’archives et le marquage (tagging) de 4000 heures par an de vidéo, offrant à ses équipes la possibilité de tirer parti de la donnée, démocratiser son utilisation et mettre fin à la sous-exploitation des archives.
Une étude récente a d’ailleurs classé l’indexation de contenu comme la deuxième source de revenus générés par l’intelligence artificielle entre 2016 et 2025 :
Tendance en plein essor, l’hyperpersonnalisation grâce à l’intelligence artificielle est la nouvelle pratique utilisée par les marques pour engager des audiences toujours plus exigeantes.
Leader mondial de la beauté, le Groupe L’Oréal a présenté ses dernières innovations “beautytech”, offrant aux visiteurs des expériences hautement ciblées et hyper-personnalisées : par exemple, une nouvelle génération de consultation coiffure, 100 % virtuelle, comprenant une assistance vocale personnalisée, mais également “My Little Factory”, une usine du futur miniaturisée, entièrement automatisée, qui crée sur place des fonds de teint sur-mesure !
Une autre innovation s’appuyant sur l’intelligence artificielle est d’ores et déjà commercialisée sur le marché, par la marque de luxe Lancôme : le “Shade finder”. Ce concept permet de recommander aux consommateurs un fond de teint selon les spécificités de leur peau, directement en point de vente.
Alliée à des données de qualité, l’intelligence artificielle bouleverse également le secteur publicitaire. En Chine, la marque Kiehl’s a réussi le pari de créer des annonces publicitaires ultra-personnalisées. Offres promotionnelles, contenus inédits… Tout est possible ! En utilisant des critères de segmentation précis tels que l’âge, la ville, les centres d’intérêts ou les comportements d’achats, Hagen Wülferth, CDO du Groupe L’Oréal en Chine, démontre que l’affichage dynamique combiné à l’IA permet d’optimiser les campagnes marketing avec un taux de clic 50 à 100 % supérieur à la moyenne !
“From the very beginning, we have taken the #digital evolution as a fantastic opportunity to connect with consumers even better”, Jean-Paul Agon @VivaTech #beautytech pic.twitter.com/VRkGRMfA2q
— L’Oréal Group (@Loreal) 17 mai 2019
L’après RGPD : l’Europe fait face à de nouveaux défis
Les élections du Parlement européen, la nouvelle commission européenne mais aussi le Brexit… L’influence des enjeux européens sur l’écosystème tech était également au coeur des débats et discussions de Viva Tech, sous la thématique intitulée “United Tech of Europe”.
Après l’entrée en vigueur du RGPD l’an dernier, une question se pose aujourd’hui : comment les entreprises tech européennes peuvent-elles concurrencer les sociétés data-driven des Etats-Unis et de la Chine ? Aujourd’hui, seulement 30 licornes sont européennes (11 %) parmi les 265 existantes dans le monde (source : CB Insight).
Fervente adversaire des GAFA, Margrethe Vestager, commissaire européenne à la concurrence expliquait que l’Europe doit lutter contre toute forme de monopole :
« Nous devons être ambitieux et ne pas être timides pour réguler et sanctionner les comportements illégaux [car ils entravent l’innovation]. » Margrethe Vestager
Aux côtés de cinq startups de renom (Vinted, Frichti, TransferWise, Open Classrooms et UiPath), le président de la République française, Emmanuel Macron approuvait à son tour la nécessité de favoriser une concurrence équitable. Il soulignait l’importance de mettre en place un soutien politique pour permettre à l’écosystème des startups de relever le défi, en rappelant notamment la création de la taxe GAFA par le gouvernement français.
Les technologies du futur : 5G, mobilité, robotique…
Contrairement à ses homologues chinois ou américains, l’offre européenne des opérateurs de télécommunications est fragmentée avec plus de 200 acteurs différents. La standardisation entre les pays européens prend du temps et les licences doivent être accordées aux opérateurs.
Börje Ekholm, PDG d’Ericsson (l’un des plus grands équipementiers de la 5G) alerte sur les défis que l’Europe doit surmonter pour implémenter la 5G sur ses territoires et rappelle qu’un retard de déploiement peut impacter l’économie d’un pays : « En amont, nous n’avions pas pensé aux cas d’utilisation de la 4G, ni même imaginé que le e-commerce se fasse sur un smartphone». Selon le PDG, l’arrivée rapide de la 4G puis de la 5G en Chine par exemple est fortement corrélée au développement du M-Commerce dans le pays et de ce fait, à la montée en puissance du géant tech chinois : Alibaba. Au contraire, l’Europe paraît avoir pris du retard et cela pourrait avoir de lourdes conséquences…
Réseau mobile du futur : de la 1G à la 5G
La France est globalement en retard sur ses voisins européens, puisque de nombreuses régions rurales ne sont toujours pas couvertes par la 4G et les investissements n’ont pas encore été entièrement rentabilisés. Cette technologie de cinquième génération est pourtant pressentie pour devenir le moteur de la quatrième révolution industrielle : un écosystème favorable à l’innovation.
Autre thématique prégnante, la mobilité et ses enjeux avaient leur place au salon de l’innovation. Pour fêter le centenaire de la marque, Citroën révèle en exclusivité mondiale à VivaTech, un tout nouveau concept automobile, la « 19_19 » : une voiture 100 % électrique, autonome et ultra-connectée ! Les startups ne sont pas en reste : Hovertaxi par exemple, accélère le futur et propose une solution écologique pour désengorger les villes avec la présentation d’un taxi aérien électrique, prévu pour être commercialisé d’ici 2022.
Crédit photo : Lucas Barioulet pour « Les Echos »
Stars habituées du salon, les robots étaient omniprésents sur différents stands, avec par exemple Hoobox Robotic qui utilise la reconnaissance faciale pour permettre aux utilisateurs de contrôler un fauteuil roulant grâce aux expressions du visage. Du côté des drones, on retient le concept tout-terrain, étanche (et même gonflable !), de la société Diodon, qui a l’avantage de pouvoir se poser là où d’autres ne résisteraient pas ! Enfin, en utilisant des outils de machine learning, la société Mentalista impressionne les visiteurs en leur permettant d’utiliser leur voix pour contrôler les objets par la simple force de la pensée.
Bref, une année riche en découvertes. Rendez-vous l’année prochaine pour découvrir de nouvelles innovations qui feront la société de demain !
Avec la participation de Iman Zebboudj.